Les notes de l'auteur

On m’a souvent posé cette question : « Pourquoi avoir usé de la versification pour cette pièce » ? Est-ce pour le jeu ? Sans doute ! Mais avant tout pour le rythme, la musicalité que cela procure.  Si cette pièce avait été écrite au XVIIe siècle gageons qu’elle n’aurait jamais été éditée. Car à l’instar d’Edmond Rostand ma pièce est perfectible.

 

            En effet, les puristes vous diront qu’elle contient de nombreuses maladresses. Les plus criantes étant sans doute le non-respect des rimes plurielles et les hiatus. Que devais-je faire ? Recommencer cet exercice alors même que le rythme est là, sous mes pieds, aux nombres de douze. Des pieds qui ont du sens à défaut qu’on les encense. Enfin, l’écho musical produit par des rimes masculines et féminines est riche, ou suffisant mais rarement pauvre.

 

            D’autres m’ont reproché l’approche ciselée de certains actes. Mais ce n’est pas un acte manqué, au contraire c’est un passage à l’acte, un enjeu majeur. En effet, comment garder un langage courant voire contemporain si l’on ne réalise aucun enjambement, rejet, contre-rejet et use voire abuse d’interjections. Alors oui, comme à Rostand, à qui j’emprunte ce vers :

 

« Impossible monsieur ; mon sang se coagule

   En pensant qu'on y peut changer une virgule ».

 

Mais par humilité il me faudrait rajouter :

« Néanmoins si d’autres vers me rendent justice

   Ils compenseront aisément mes artifices ».

 

            De fait, si cette pièce ne peut être classique, néoclassique, racinesque ou cornélienne, je gage que de nombreuses critiques inventeront de nouveaux carcans et que, dans l’un de ceux-là, cette pièce aura sa place. A mon sens, le fond importe autant que la forme et je m’enorgueillis de mes didascalies. Et puis dans le fond, si celui-ci vous touche, les personnages vous emportent, le surréaliste vous captive alors peut-être que j’aurais réussi ce pari fou de faire rire, pleurer, penser, rêver dans une seule pièce.

 

                                                                                              Bon voyage !