Les critiques et commentaires

Commentaire « Association de Beaumarchais » Comité de lecture :

 

Cet ouvrage est une somme. Propos qui disent tout et rien à la fois. Somme signifie que le travail d’élaboration de cette pièce est considérable, on doit donc en saluer l’auteur. Ouvrage lui donne une couleur disons artisanale. Comme un travail besogneux. C’est qu’il est difficile de jongler ainsi avec le théâtre désormais universel, les trouvailles incongrues, les rapprochements périlleux et surtout les audaces, ou présentées comme telles. La première scène entre Molière et Bérénice est convenue. La seconde, mettant en scène Antonin et cette même Bérénice commence maladroitement : quatrième vers au sens obscur, bizarrerie orthographique sur « ce petit mal »… A moins que l’humour ne soit au rendez-vous ?! La lecture de cette pièce est à la fois amusante et agaçante. Amusante, car l’auteur témoigne d’une certaine adresse et d’inventivité, agaçante car le vers de mirliton pointe souvent sont nez : il a rarement la densité du vers auquel il aime faire référence, celui d’Edmond Rostand, et retombe souvent maladroitement sur une patte après quelques images bien balancé ou une belle envolée. Et l’on se prend alors à penser « à quoi bon ».

L’usage de la versification tolère rarement les écarts, il est d’ailleurs là pour cela, et si le grand Rostand se permettait moult hardiesse, il le faisait avec un tel panache qu’on en restait ébloui. Il est fort dangereux de se livrer à cet exercice dans ces temps de grande disette littéraire, et ça n’est pas forcément rendre service à l’art dramatique que de s’engouffrer dans un travail d’écriture aussi périlleux. L’auteur y mélange prosodie classique, phraséologie et jeux de mots contemporains, cisaille ses vers à l’envie, multiplie les rimes lourdes ou douteuses comme opprobre et octobre, ange et dérange, ou encore parasite et vite… on pourrait citer une multitude de vers de mirliton. Et surtout, le point d’exclamation fleurit quasiment à chaque vers : c’est le signe de l’approximation de la pensée et surtout du sens.

Les scènes contemporaines sont assez déjantées, plus amusantes car moins maniérées que celles dites classiques. Curieusement le vers y parait moins factice. Et la fable se détache de ses lourdeurs historiques pour nous offrir de beaux moments de folie.

Enfin nous pouvons dire que le spectateur risque d’avoir bien du mal à s’y retrouver dans ces quinze interprètes chargé d’en jouer en moins le triple.

 

La critique est vive car elle s’interroge sur l’intérêt profond de ce mélange des genres. Si l’on fait abstraction de ce regard rigoureux, en étant très peu regardant sur la forme et le fond, on pourra trouver un charmé déjanté à cette tragicomédie bourrée tout de même d’inventions en tout genre… Comme dit si bien l’auteur «  à condition que le spectateur ait gardé son âme d’enfant ».   

 

Réponse « Régis Gautheron » sur le commentaire « Association de Beaumarchais » Comité de lecture :

 

Madame,

 

            Tout d'abord je tenais à remercier vivement votre comité de lecture pour avoir pris le temps de relire mon "ouvrage" et plus particulièrement la personne qui a rédigé cette fiche de lecture à mon intention même si je n'ai pas eu le plaisir de connaître son nom. Je suis dans l'ensemble relativement d'accord avec elle. Notamment quand elle parle "d'ouvrage" ou de "Mirliton" même si ce n’est pas flatteur pour moi.

 

            Cependant, permettez moi, par votre entremise, de compléter son analyse. Effectivement, le mélange des genres est délicat autant que le passage d'un siècle à un autre dans une même pièce. Et comme je l'ai souligné dans mon avant propos, j'ai "cisaillé" les vers et plus particulièrement ceux présents du XXI siècle pour créer un décalage une phraséologie différente entre un homme du passé et l'entourage contemporain où il se trouve. Cette approche sur la forme permettant d'accentuer sur le fond l'idée de la folie ou du moins de l'aspect irrationnel du personnage.

 

            Par contre je ne peux le laisser penser je cite « Le point d'exclamation fleurit quasiment à chaque vers : c'est le signe de l'approximation de la pensée et surtout du sens ».

Ah ! Non ! C'est pour moi, avant tout le signe de l'action, de la réaction, de la découverte ou de l’étonnement. Je mets donc au défi, la personne qui a rédigé cette fiche de lecture, de trouver le moindre non sens voir manque de sens que ce soit sur la structuration en générale ou les personnages en particulier.

 

            En effet, chaque scène a été pensée, chaque personnage a été construit en détail tant sur le plan de l'action que sur sa psychologie (traits de caractères, motivations, qualités...). Et, croyez-le ou non, ce n'est pas une gageure, dans une pièce qui navigue entre le XVII siècle et le XXIe siècle. De plus, il ne s'agit pas simplement de faire des bons vers où de traiter une histoire d'amour impossible, mais également de dénoncer, en toile de fond, dans une certaine mesure "l'autorité" où la "médecine" ce qui j'en suis sûr n'aurait pas déplu à Molière.

 

  Merci encore du temps que vous m’avez consacré.

 

 

Ps: « le spectateur risque d’avoir bien du mal à s’y retrouver dans ces quinze interprètes chargé d’en jouer en moins le triple ». Pour être précis quatre acteurs jouent deux rôles à la fois. Les autres font de la figuration. Donc rien d’insurmontable.

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Commentaires: 6
  • #1

    Jocelyne (dimanche, 04 octobre 2009 09:45)

    Quelques impressions qui valent ce qu’elles valent compte tenu de ma formation classique et de ce que je peux connaître au niveau théâtral. Tout d’abord ton idée est tout à fait originale et audacieuse. Comme tu avais composé un conte après le Petit Prince, tu proposes quelque chose sur le monstre sacré du théâtre Molière. Les principaux intérêts que je vois sont l’histoire elle- même et le choix des personnages. Puis tu as joué avec la langue, le vocabulaire et les rimes comme l’avait fait Rostand Là tu as d’heureuses trouvailles qui font rire ou qui nous époustouflent. Enfin la dénonciation de vérités éternelles se double d’une critique bien senties des vérités sociales et psychologiques de notre temps. Le rythme global de la construction reste variable. Il commence très allègrement et l’acte 1 est remarquable mais il s’alourdit et me semble de plus en plus confus au fur et à mesure que les personnages se dédoublent pour se réincarner à une autre époque. Je pense qu’il faudrait faire une lecture expressive à plusieurs voix en un temps limité à 2 ou 3heures pour se rendre compte de la réalité de cette impression que j’ai et qui n’est peut-être pas fondée.

  • #2

    Patrice (dimanche, 04 octobre 2009 09:47)

    Je ne suis pas Alceste et dans tes alexandrins (heureusement)je ne retrouve pas la pauvreté de style d'Oronte.
    je me la pète hein avec mes références !!!!!!!!!!!!
    désolé pour le retard de réaction mais mes impressions de ces premières lectures sont encore corrompues par la stupeur.
    je suis sincèrement impressionné par ce que tu as fait et pour l'instant je ne me sens pas capable d'émettre la moindre critique.
    je m'engage toutefois à relire la pièce en l'imaginant en place et en rythme. En attendant ma prose, je te félicite car c'est du bel ouvrage, il faut plus que de l'audace pour se lancer dans une telle aventure et tu l'as fait.
    bravo

  • #3

    Laurent (dimanche, 04 octobre 2009 09:48)

    Bien, moi j'ai effectivement lu la pièce et je t'avais envoyé un petit message à ce sujet. Il m'est vraiment très difficile d'ajouter d'autres commentaires à ceux que je t'ai déjà donné. Ton travail est remarquable, mais étant peu accoutumé à lire des pièces de théâtre, je me sens bien incapable de pouvoir donner un avis pertinent... je peux humblement te dire que j'ai aimé l'intrigue et ses rebondissements. Je trouve l'intrigue moderne et les permutations temporelles vraiment originales.

    Ceci dit, je te renouvelle mes encouragements. Et si tu en as le courage, je t'invite à écrire ta pièce sous la forme d'une nouvelle. Elle sera plus accessible peut être et moins élitiste ? C'est une idée comme ça...

  • #4

    Jean-Charle (dimanche, 04 octobre 2009 09:49)

    Salut Régis
    je t'avais déjà fait part de mes remarques quant à ta pièce : enlevée, fouillée, très dynamique ... à ton image.
    Ce qui manque c'est la clarté de l'ensemble : l'histoire est complexe, de nombreux thèmes sont abordés,
    rajoute à cela une écriture châtiée pas forcément facile à décrypter,
    alors qu'on essaie de suivre l'ensemble et tu obtiens quelque chose où la profusion ajoute à la confusion.
    Ça vaudrait la peine que je le relise pour être plus précis dans mes dires,
    mais le sentiment général m'en restant après quelques semaines de lecture c'est ça.

  • #5

    Denis Boissier (dimanche, 15 août 2010 09:03)

    Monsieur,

    Quel plaisir de savoir qu’existe encore quelqu’un qui se risque à composer une pièce en cinq actes et en vers. Merci de cette audace ! Vous avez su ne jamais être didactique et, excepté par l’épigramme qui ouvre votre pièce, on ne peut savoir si vous partagez réellement la thèse cornéliste. Et c’est, pour le spectateur ou le lecteur, très bien ainsi.

    Corneillement vôtre

    Denis Boissier professeur à la Sorbonne.

  • #6

    Nikhilesh (jeudi, 19 juillet 2012 01:54)

    Thank you for details